Diversifier ses cultures, oui… mais pas à l’aveugle ! Choix des espèces, débouchés, investissements, travail en solo ou en collectif : un projet de diversification réussi se construit avec passion … mais aussi avec méthode !

Le site Perspectives Agricoles a donné la parole à Accompagnement Stratégie dans une interview sur le thème de la diversification culturale. Découvrez les conseils de l’expert AS pour éviter les écueils et viser la réussite globale de son projet de diversification.

Un dossier alimenté par plusieurs témoignages, dont ceux de Yohann Vrain (co-fondateur) et Hilaire Roucou (Chef de Projet) de ReSoil, Jean-Marie Lenfant, agriculteur et chargé du réseau « Bienvenue à la ferme » aux Chambres d’agriculture, Christian Daniau, Producteur Grandes Cultures et cacahuète en Charente et de Florent Courtin, du réseau Accompagnement Stratégie, basé à Blois chez AS CENTRE LOIRE.

AS CENTRE LOIRE est une association de Gestion et de Comptabilité basée dans le Loir et Cher et le Loiret, membre de l’Ordre des Experts Comptables. Spécialistes du monde agricole, les équipes d’AS CENTRE LOIRE accompagnent leurs adhérents en comptabilité, fiscalité, gestion, juridique, social, patrimonial et portent des valeurs de proximité, solidarité, mutualisme et qualité.

Perspectives Agricoles est un magazine mensuel réalisé avec l’appui des instituts techniques de grandes cultures. Référence en matière d’agronomie et d’innovation, il s’adresse aux agriculteurs et agricultrices férus de technique et d’expérimentation.

Se diversifier pour sécuriser son revenu, se challenger, s’adapter au changement climatique ou accueillir un membre de la famille sur l’exploitation : les raisons de se lancer dans un projet de diversification culturale sont nombreuses.
Mais se lancer dans un tel projet ne s’improvise pas.
Choisir la bonne culture, identifier les débouchés, maîtriser la charge de travail ou encore financer l’investissement : chaque décision engage l’équilibre de l’exploitation. Il s’agit donc d’un défi technique et humain, mais aussi économique, d’où l’intérêt de bénéficier de conseils avisés sur ces aspects.

Diversifier est une vraie décision stratégique ! Changer d’assolement pour intégrer une culture « hors cadre », n’est jamais anodin. Cela implique des choix structurants : quelle culture choisir ? Y a-t-il déjà une demande ou faut-il prospecter ? Comment évaluer le niveau de risque et sur quels critères faut-il l’accepter ? Faut-il investir dans du matériel ou mutualiser avec d’autres agriculteurs ?

Comme le souligne Florent Courtin, conseiller d’entreprise chez Accompagnement Stratégie Centre-Loire, « la diversification ne doit pas être uniquement motivée par une recherche de revenu. Il faut raisonner plus globalement en tenant compte de l’organisation de l’exploitation, des compétences disponibles, et des moyens financiers ».

1 Construire un prévisionnel solide

L’un des outils clés apportés par le conseiller comptable est le prévisionnel de trésorerie. Il s’agit d’un budget détaillé, établi sur deux ans minimum, qui permet d’anticiper les flux financiers liés à la nouvelle culture : achat de semences, matériel, besoin en irrigation, main-d’œuvre, mais aussi revenus attendus et aides mobilisables. Ce prévisionnel évite de se lancer à l’aveugle et permet de vérifier que l’exploitation tiendra le choc, même en cas d’aléas techniques ou climatiques, qu’il faut savoir aussi intégrer dès le début.

Redécouvrez également l’article L’EBE prévisionnel précédemment paru dans Perspectives Agricoles

« On n’achète pas si on n’a pas la capacité d’amortir », rappelle Florent Courtin. En ayant une vision plus précise des seuils de rentabilité, on peut plus facilement déterminer la surface minimale à cultiver pour que le projet soit viable, et fixer des limites pour ne pas déséquilibrer l’exploitation.

2 Connaitre et comprendre les dispositifs d’appui

Dans certains cas, diversifier peut ouvrir droit à des subventions régionales, européennes ou locales, notamment si le projet s’inscrit dans un plan alimentaire territorial (PAT) ou dans une démarche de transition écologique. Il faut être attentif aux informations ou aux annonces de dispositifs d’appui existants ou à venir.
Certaines aides peuvent couvrir une partie des investissements. D’autres, permettent de financer une partie du projet si la nouvelle culture contribue à un objectif précis (ex : crédit carbone dans les plans de réduction d’émissions de gaz à effet de serre). Ces aides nécessitent une bonne anticipation en terme de dossiers administratifs à monter, mais permettent un allègement des coûts qui peut être non-négligeable dans le plan de financement du projet.

3 Maîtriser la charge de travail et la gestion humaine

Diversifier, ce n’est pas seulement un choix économique ou technique. C’est aussi un bouleversement dans l’organisation du travail actuelle et à venir ! Certaines cultures ont des pics d’activité qui ne s’intègrent pas toujours facilement dans le calendrier des grandes cultures, ou à l’inverse, sont particulièrement compatibles ou complémentaires.
D’autres nécessitent du matériel spécifique ou une main-d’œuvre saisonnière.
Recruter, gérer une équipe, organiser la vente directe ou s’impliquer dans une filière locale sont autant de nouveaux métiers à apprendre. Il ne faut pas hésiter à solliciter son conseiller qui pourra apporter un regard lucide sur la faisabilité humaine du projet. Il peut aussi orienter vers des formations ou des accompagnements adaptés, notamment en gestion des ressources humaines.

Redécouvrez également l’article Recruter ses Saisonniers précédemment paru dans Perspectives Agricoles

4 Ne pas rester seul face aux décisions

Enfin, se diversifier sans échange ni regard extérieur, peut accroître le stress, la sensation d’isolement et le risque d’erreurs. Le témoignage de plusieurs agriculteurs le confirme : ceux qui sont accompagnés dans leur démarche gagnent en sérénité, en temps, et en efficacité. Cela vaut particulièrement pour les démarches collectives avec d’autres agriculteurs ou des profils variés : le partage d’expérience et la mutualisation des investissements jouent un rôle clé.

C’est en plus une formidable opportunité de dialoguer avec d’autres acteurs de son environnement (professionnels, mais aussi municipaux, associatifs, citoyens, etc) et de livrer un nouveau regard sur ses activités ; il faut savoir s’en saisir car c’est une communication constructive qui peut contribuer à développer le projet.

En résumé, réussir sa diversification, ce n’est pas seulement bien choisir sa culture ou son débouché. C’est aussi, et surtout, s’assurer que le projet tient la route financièrement, humainement et dans la durée, en plus de l’immense satisfaction d’innover au sein de ses activités !
Si vous souhaitez un conseil sur votre situation et mener une réflexion sur une projet de diversification, n’hésitez pas à en parler à votre conseiller comptable.

Retrouvez dans le site internet Perspectives Agricoles l’intégralité de cette interview et + de contenu exclusif pour les abonnés (ou dans le magazine: édition de novembre 2024, n°526).

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Sources complémentaires :

Perspectives Agricoles n°526 : Diversification culturale : la clé des champs ?

AS CENTRE LOIRE : Accompagner et conseiller nos adhérents – AS Centre Loire

ReSoil : https://www.resoilag.com/