La Loi de financement de la sécurité sociale (LFSS) 2025 marque un tournant pour les non-salariés agricoles : à compter du 1er janvier 2026, la règle du calcul sur les 25 meilleures années entrera en application, une réforme très attendue par les exploitants agricoles.
L’annonce avait fait grand bruit mais les modalités très concrètes restaient encore à éclaircir. Depuis, plusieurs annonces se sont confirmées, même si l’application soulève encore quelques questions.
Pour explorer le sujet, le site Perspectives Agricoles a donné la parole à Accompagnement Stratégie dans une interview sur le thème des Retraites Agricoles. On peut à présent retenir que concernant les non-salariés du secteur agricole, les pensions de retraite seront calculées sur la base des 25 meilleures années de revenus, comme pour les salariés du privé ou les indépendants, dès l’année prochaine, en janvier 2026.
Retraites agricoles, les points à retenir :
Un dossier alimenté par l’expertise d’Anthony Huart, responsable mission sociale exploitant chez AS Entreprises, basé à Reims. L’Association de Gestion et de Comptabilité AS ENTREPRISES est un acteur dynamique dans la Marne, de l’expertise comptable, la gestion et le conseil aux entreprises de type TPE et PME, notamment dans les domaines de l’agriculture et de la viticulture. Avec environ 200 collaborateurs sur 9 antennes, les équipes accompagnent de nombreux Chefs d’Entreprise (exploitants agricoles, commerçants, artisans, professions libérales) ou organisations (Coopératives, Associations…) tous secteurs confondus.

Perspectives Agricoles est un magazine mensuel réalisé avec l’appui des instituts techniques de grandes cultures. Référence en matière d’agronomie et d’innovation, il s’adresse aux agriculteurs et agricultrices férus de technique et d’expérimentation.
1) Une réforme qui aligne les agriculteurs sur les autres régimes
Votée en février 2024 et codifiée dans le Code rural (art. L. 732-24-1), cette réforme répond à une revendication exprimée lors des manifestations agricoles de l’hiver 2023-2024 : mettre fin à un calcul jugé injuste. Jusqu’ici, les pensions agricoles reposaient sur deux blocs :
- une retraite forfaitaire, attribuée en fonction d’une carrière complète,
- et une retraite proportionnelle, fondée sur des points acquis au fil des années.
Désormais, seule la rémunération servira de base, et uniquement les 25 meilleures années seront retenues. Pour beaucoup d’exploitants, cela évitera que les débuts difficiles ou les périodes de faibles revenus (par exemple en tant qu’aide familial) ne tirent leur pension vers le bas.
2) Des impacts contrastés selon les profils
La réforme représente une avancée majeure, mais il faut garder en tête les points suivants :
- Les exploitants ayant connu des revenus irréguliers, dont certains élevés, bénéficieront d’un calcul plus favorable. Pour eux, il pourrait être avantageux de différer leur départ à 2026.
- Certains pluriactifs risquent d’être moins avantagés : ceux qui cumulent des revenus importants dans les deux régimes. En effet, leurs revenus issus de différentes activités seront cumulés à partir de 2016, mais plafonnés au niveau de la Sécurité sociale (47 100 € en 2025). Résultat : les cotisations excédant ce plafond ne seront pas prises en compte, réduisant leur base de calcul.
- La gestion administrative soulève aussi des incertitudes ; la MSA n’a accès aux revenus annuels que depuis 2016.
Face à ces enjeux, les exploitants devront être attentifs et réaliser des audits de retraite personnalisés en sollicitant leur AGC. Il faut tout faire pour éviter les erreurs de calculs de pension qui malheureusement sont une réalité !
3) Une mise en œuvre progressive et à surveiller
La réforme entrera officiellement en vigueur en 2026, mais ses effets seront mesurés en deux temps. La MSA a alerté le gouvernement : moins d’un an entre le vote et l’application est insuffisant. Les calculs définitifs ne seront disponibles qu’à partir de 2028. En cas d’écart, les bénéficiaires auront droit à un rattrapage rétroactif, avec garantie de conserver la pension la plus favorable.
Anthony Huart, responsable mission sociale exploitant chez AS Entreprises, insiste sur la nécessité d’anticiper son départ. Une fois la pension versée, seuls deux mois existent pour contester le montant. La clé sera donc de préparer son dossier en amont avec son AGC, afin d’éviter toute mauvaise surprise.

Un simulateur de calcul sera disponible en ligne sur les sites officiels, en novembre 2025, cela permettra de se projeter afin de prendre la meilleure des décisions.
La réforme des retraites agricoles constitue une avancée majeure vers l’équité avec les autres régimes, en prenant en compte les 25 meilleures années de revenus. Mais ses modalités techniques, notamment pour les pluriactifs et la période antérieure à 2016, restent à clarifier par décret. Les exploitants devront donc se préparer activement, en se rapprochant de leur expert-comptable ou AGC, pour sécuriser leurs droits et optimiser leur future pension.
Retrouvez dans le site internet Perspectives Agricoles l’intégralité de cette interview et + de contenu exclusif pour les abonnés (ou dans le magazine: édition de mai 2025, n°532).
Sources complémentaires :
Perspectives Agricoles n°532 : Variétés de blé tendre : une typologie « qualité » en pleine mutation | Perspectives Agricoles
AS ENTREPRISES : https://www.as-entreprises.fr
Info Retraite : https://www.info-retraite.fr